Poèmes tirés de mon recueil de poésies : "Les vains mots"
LES JOLIS CONTES D'ANTAN
J'ai rencontré Peau-d 'Âne
Dans une disco pourrie
Par une lune sans nuit
Vers trois heures à Paname.
Elle attendait Grand-Loup
Son ami de Sarcelles
Son copain aux bretelles
Et au blouson à clous.
Mère-grand me proposa
Collée à mon oreille
Moyennant moult oseille
De faire un tour au Bois.
Au bar, Le Chat-Botté
Riait dans sa moustache
Derrière un look apache
Rasé sur les côtés.
Sur la piste de danse,
Les Trois-Petits-Cochons
Rappaient à l'unisson
Tournoyant sur leurs panses.
Dans un coin, Cendrillon,
Pour un peu de bonheur
Allongeait au dealer
Sur la table les biftons.
Rose-Rouge et Neige-Blanche
S'embrassaient sur la bouche
Avec une drôle de touche
En se frottant les hanches.
Et j'ai cru un moment
Que Tom-pouce et Poucet
Qui non loin d'elles dansaient
Allaient en faire autant.
C'est vers cinq heures du mat
Que saoul et dégouté
Je rendis au plancher
Les s'melles de mes savates.
Dehors, la pluie tombait
Pour me raccompagner,
M’en aller retrouver
Ma Belle-qui-dormait...
Ah, ma conteuse, ma mère, maman !
Mais où sont les contes d'antan ?
ALEXANDRE
Alexandre a vu grand
et il est mort.
Bonaparte a vu grand
et il est mort.
Colomb a vu grand
et il est mort.
Einstein a vu grand
et il est mort.
Freud a vu grand...
... Kennedy, Lénine, Mozart ont vu grand.
Ils sont tous morts.
Mais "Dieu Est Vivant !"
Pourquoi ?
Il n'avait pas vu grand..?
ET POURQUOI PAS
Et pourquoi pas le ciel ?
Et pourquoi pas pour moi ?
Pourquoi pas le soleil ?
Dites-moi un peu pourquoi
Grimper à une échelle,
Ou monter sur un toit ?
Car pourquoi pas le ciel,
Si le ciel est en bas...
J'EXECRE LE SON DU CORPS
Un gros homme rouge
sonne du cor
ce, dès l'aurore,
au fond des bois.
Quand rien ne bouge
Toi, mon ami
Dis-moi pour qui
sonne le gras ?
LE CALVAIRE DE LA PINCE A LINGE DEPRESSIVE
"L'ennui quand on s'ennuie, c'est qu'on ne sait pas quoi faire. A trop tourner en rond, on s'use le cerveau..."
Que l'on soit pince à linge de prince ou de prolo,
on reste un funambule sur un fil de fer.
Que la culotte soit de dentelles ou coton,
qu'elle flotte au vent du large ou au dernier balcon
d'un immeuble gris sale perdu d'une banlieue,
puisqu'il faut raisonner force est d'admettre que :
ce n'est qu'une culotte, qu'on en tient que le fond.
Le drame, chez une pince, c'est de manquer d'ressort ;
c'est comme de manquer d'air pour un aspirateur,
ou être incontinent pour un percolateur,
cela ressemble vite à une petite mort.
On a beau être pince, quand on se laisse aller,
voyez comme les mâchoires vont tôt se desserrer,
et comme cette pauvre vie ne tient plus qu'à un fil,
n'ayant plus raison d'être, puisqu'elle n'est plus utile.
Le ressort de sa vie c'était l'utilité !
Ayez un peu pitié de ces objets inertes !
qui, pour mieux nous servir, pour nous être fidèles,
n'ont pas peur de vieillir, de courir à leur perte.
Car, cette pince, jadis, que j'ai connue alerte
celle qui, de toutes les pinces était vrai la plus belle,
cette pince, autrefois, j'en ai pincé pour elle...
Toutes proportions gardées
Le jour où ma grande sœur a épousé un nain,
Ce jour le nain d'ma sœur a pris un air hautain.
Au train où vont les choses, puisqu'elle est sa moitié,
C'est sûr qu'un jour ou l'autre il va la dépasser.
Le jour où un manchot a voulu l'embrasser,
Après l'avoir, c'est vrai, disons "manipulée"
Et comme ma pauvre sœur semblait se laisser faire,
Ce jour elle fut rossée par mon demi beau-frère.
Le jour où elle sentit douleurs dedans son ventre,
Ce jour, elle sut qu'elle... avait cessé d'attendre
Et sans se faire prier, se prenant par la main,
Elle accoucha alors d'une poignée de nains.
Le jour où ils grandirent, ou peut-être le lendemain,
Accompagnant ma sœur dans tous ses va-et-vient,
Marchant derrière elle, formant ainsi cortège,
Depuis ce jour, ma sœur, on l'appela : "Blanche-Neige".
L'œuf rimeur
J'ai pris une rime en œuf, délicatement posée
Sur une aut'rime en surf, le tout mis sous mes pieds
Jusqu'à une rime en ville, d'alizés balayée.
Je me suis démarqué de l'air qu'on dit tionné.
J'avais une rime en fric, mais on me l'a volée
Dans une cité en tic où un escroc futé
A su vite me tirer mes plus beaux vers du nez.
Loin des voitures en files, je me suis débarqué
La belle rime en surf, soigneusement j'ai rangée.
La deuxième rime en fric, je l'ai vite oubliée.
Restait plus qu'à plancher sur le dernier tercet...
Sur les trois rimes, en pleurs, longtemps j’ai dû ramer
Pour une dernière en île sur laquelle suis resté.
Et la première en œuf, eh bien, je l'ai gobée...